Ouvrir le dialogue : les incapacités parfois invisibles de Marcelle

Publié le 29 mai 2024 Services sociaux et réadaptation

Jusqu’au 7 juin, c’est la Semaine québécoise des personnes handicapées. Sous le thème « Ouvrir le dialogue », elle met en lumière l’accueil et l'ouverture face aux personnes ayant différentes incapacités. Découvrez l’histoire de Marcelle:

C’est toute souriante que Marcelle accepte de raconter son parcours. À première vue, personne ne peut se douter qu'elle puisse faire face à un défi particulier en cette Semaine québécoise des personnes handicapées. Pourtant, Marcelle vit depuis plusieurs décennies avec une incapacité qui a pris de l’ampleur avec le temps : la surdité.

« J’ai souvent dit que c’est le handicap le plus invisible! Je n’ai pas de fauteuil roulant ou de canne blanche comme une personne malvoyante, pourtant, sans mes appareils, je n’entends absolument rien. »

Marcelle : « Personne ne peut remarquer une surdité au premier regard»

L'implant cochléaire: rendre ses oreilles hautement technonogiques

Maintenant septuagénaire, Marcelle vit avec le déclin petit à petit de son audition depuis quarante ans. D’abord soutenue par de petits appareils externes, elle a maintenant le bonheur d’avoir des oreilles hautement technologiques : des implants cochléaires.

En 2012, elle a eu sa première chirurgie pour son oreille gauche lui permettant d’obtenir l'implant cochléaire. En 2022 elle est retournée sous le bistouri pour se prémunir aussi d'un implant dans son oreille droite, s’en est suivi les deux fois d’une période de réadaptation de huit semaines auprès d’une audiologiste du CIUSSS MCQ, Cynthia et son équipe multidisciplinaire.

Après le succès de leur opération et la programmation de leurs appareils au centre d’expertise à Québec ou Montréal, les personnes portant un implant, intègrent la réadaptation fonctionnelle intensive (RFI). « Pendant deux mois, je vais les rencontrer trois fois par semaine pour parfaire un entraînement auditif afin de développer leurs habiletés auditives avec les implants, c’est complètement différent des appareils qu’ils ont pu avoir auparavant, ceux-ci sont à stimulation électrique », explique Cynthia, audiologiste. Pendant ces huit semaines de RFI, l’usager va aussi rencontrer toute l’équipe derrière Cynthia, soit des services de psychoéducation, psychologie, d’orthophonie et de travail social.

Semaine québécoise des personnes handicapées : ouvrir le dialogue aux différences

Malgré son audition grandement améliorée, le défi est encore présent dans son quotidien. « Dans un endroit où il y a beaucoup de bruit, c’est plus difficile pour mes oreilles, c’est plus agressant. » Si quelqu’un lui parle à partir d’une autre pièce ou sans la regarder directement, c’est doublement difficile de savoir qu’on s’adresse à elle.

« Je n’ai pas peur de le dire, je demande de ralentir le débit, de me faire face pour me parler. Pour bien communiquer, j’applique avec soin les techniques que l’équipe d’intervenants m’a enseignées. Je n’ai plus peur de demander de bien vouloir répéter si nécessaire sans toutefois élever le ton, de ralentir le débit de la voix ou même d’épeler un mot, disons pour m’aider au téléphone. En général, ça se passe très bien. Il faut être capable de le dire, de sensibiliser les gens qui ne savent pas à quel point je peux les entendre et surtout bien les comprendre avec mes implants. »

Même s’ils sont visibles, les implants cochléaires sont très discrets, souvent camouflés par les cheveux. « J’apprécie beaucoup quand les gens font un effort pour m’aider. D’ailleurs mes amies et ma famille le savent et me réservent le siège au bout de la table aux repas afin que je vois mieux les visages et surtout les lèvres, le son étant aussi mieux équilibré. »

Marcelle a aussi accepté d’accompagner une personne qui passera par le même chemin qu’elle dans les prochains jours, pour la soutenir à travers le processus pré et post opératoire. « Après l’opération, la première fois que j’ai reçu les indications d’utilisation et le gros kit qui venait avec mes appareils, je me suis demandé si j’allais être capable d’assimiler toutes les instructions! Entretien, recharge, ça en fait beaucoup, mais ça vaut tellement la peine. »

Ce qu’elle apprécie, c’est le pouvoir de connecter ses oreilles avec sa musique ou le téléviseur, les propriétés Bluetooth des implants sont un trésor qu’elle chérit particulièrement. C’est d’ailleurs Cynthia qui est responsable de jumeler tous les équipements pour un fonctionnement optimal pour l’usager.

Au-delà de l’aide technique et de la RFI pour les implantés, l’audiologiste en réadaptation va traiter des cas d’acouphène (bruit fantôme constant) ou hyperacousie (une exacerbation des sons). « Les incapacités en lien avec l’audition sont beaucoup plus nombreuses et invisibles que l’on peut penser », ajoute Cynthia. D’ailleurs, selon le gouvernement du Québec, c’est près d’un million et demi de personnes qui vivent avec une incapacité, peu importe la nature de celle-ci. Cela représente 21 % de la population québécoise de 15 ans et plus, selon l’Enquête canadienne sur l’incapacité de 2022.

Quels sont les services en déficience physique chez les adultes?

Si vous souhaitez obtenir de l'information sur les services offerts en déficience motrice, visuelle et auditive en Mauricie et au Centre-du-Québec, consultez Services en déficience physique chez les adultes.

Semaine québécoise des personnes handicapées

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