Axel sous toutes ses couleurs

Publié le 28 mars 2023 Services sociaux et réadaptation

C’est le petit nez de son chat Cendre qui accueille Karine, son éducatrice spécialisée, lorsque la porte de l’appartement d’Axel s’ouvre. Chaque semaine, Karine lui rend visite pour discuter de son quotidien, de ses défis et de ses objectifs.

Axel, c’est une jeune femme de 21 ans qui traîne avec elle un important bagage de vie. D’abord vivant avec un trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH), un syndrome de Gilles de la Tourette, un trouble du langage, une dyslexie et de l’anxiété sociale, elle a dû ajouter à sa liste de diagnostics le trouble du spectre de l’autisme (TSA) à l’aube de sa vingtaine. « Ma mère m’a tellement soutenue dans toutes les démarches, elle savait qu’il y avait quelque chose et on n’arrivait pas à mettre le doigt dessus, quand on m’a finalement diagnostiqué l’autisme de profil féminin, ça m’a soulagée; enfin j’avais l’impression qu’on me comprenait », affirme Axel. C’est à ce moment que Karine est arrivée dans sa vie.

Karine, éducatrice spécialisée, lors d'une visite chez Axel

L’autisme de profil féminin est moins connu car les caractéristiques diffèrent passablement de l’autisme « commun ». « Les autistes de profil féminin peuvent avoir une hypersensibilité, ressentir une grande empathie et ont une créativité débordante, exactement le profil d’Axel », explique Karine.

Vivre avec ses défis

Axel est née officiellement sous le nom d’Henrianne, mais pour refléter sa fluidité du genre, elle a adopté ce nouveau prénom. Elle vit seule en appartement avec son chat, ses jeux vidéo et ses multiples perruques. Lorsqu’elle parle de sa chaine YouTube, de son animal de compagnie ou de cosplay ou d'art, la passion l’amène à bavarder intensément.

Axel se sent bien dans son petit univers à elle. Elle a dû prendre le temps de retomber sur ses pattes après un difficile passage au secondaire. « J’ai survécu jusqu’à la fin de mon secondaire, entre l’intimidation, les problèmes d’apprentissage, mon incapacité à me fondre au groupe de mon âge, j’avais vraiment l’impression que je ne m’en sortirais pas. » Elle avoue avoir envisagé, un beau jour, de ne jamais sortir d’un cabinet de toilette tellement elle n’en pouvait plus.

Sans l'appui de ses proches, particulièrement de sa mère, Axel ne serait pas rendue là aujourd’hui. « Ma mère a tellement travaillé fort pour moi, je lui dois beaucoup », affirme-t-elle avec émotion.

Entrevoir l’avenir

Aujourd’hui, elle apprécie sa petite routine. Vivre en appartement lui amène la liberté de choix qu'elle avait besoin, autant pour son rythme de vie que pour ses objectifs personnels. Son horaire est découpé en semaines, puis en journées avec des objectifs et des tâches à réaliser. Sa vie en appartement lui plait, elle a acquis toute l’autonomie nécessaire. De quoi sera fait l’avenir? Elle ne le sait pas. Pour l’instant, elle doit prendre le temps de se connaître, de découvrir ses capacités et de repousser petit à petit ses limites. Avec l’œil rieur, elle regarde son éducatrice avec qui se tisse une belle confiance et elle confie : « Elle me dit que je me sous-estime et moi je trouve qu’elle me surestime ». Karine l’accompagne dans son cheminement, travaille avec elle sur ses forces et prend le temps de l’écouter et de comprendre la complexité du bagage d’Axel.

Une chose est certaine, elle aurait aimé lire l’histoire d’une jeune femme comme la sienne pour savoir qu’elle n’est pas seule à jongler avec des différences. Malgré ses défis, Axel accompli de belles réussites quant à son autonomie, et puis, tranquillement à son rythme elle va se construire une vie bien à elle.